2007, galerie Favre, Nyon
Exposition personnelle
A-signifiance.
Supposition —
En raison de mon combat don quichottesque pour la production de sens, l’usage de l’intitulé «A-signifiance» ressemble à première vue à une action de sabordage.
N’est-ce pourtant pas justement là que se trouve le hiatus de l’image: entre l’absence de signe et les signes de l’absence ?
Exposition —
C’est ainsi que je ressens le monde des images: des épaves de pensées (plus ou moins immergées), bien plus que des rectangles de peinture. Je suis témoin des dérives (on pourrait tout aussi bien dire les «dérivés» en raison des modifications insensibles que subit notre appréhension du visible). Pourtant, les images ne suffisent pas en elles-mêmes: il leur faut avant tout un double support afin de leur permettre d’exercer leurs propriétés. Tout d’abord le mur: le lieu abstrait (parce que parfaitement géométrique, blanc, lisse, donc eidétique) qui les déploie. Aussi est-ce le lieu même de l’espoir et de la projection.
Apposition —
Ensuite, il faut à l’image sa transformation dans l’espace cognitif du «regardeur». Ce sera le fond de la rétine qui recueillera le souvenir de lumière de l’exposition venant la frapper au fond de sa noire humeur.
Mais, tout comme l’on abaisse les paupières, de l’image il ne reste que son absence, tout au plus la bavure causée par la friction que sa forme, ses bords, ses tranches ont opéré.
Disposition —
Le remplissage du mur, tel que les cabinets d’amateurs le proposaient au XVIIe siècle, annonce le jeu de l’«Ars Combinatoria» qui peut être un modèle de l’espace inconscient envisagé par la psychanalyse: la juxtaposition des images, leur cohabitation forcée, leur promiscuité inopinée et quelque peu irritante ne propose-t-elle pas tout un jeu d’associations de pensées ?
Juxtaposition —
Cette démarche de saturation s’apparente à l’énonciation du «bon voisinage» formulée par Aby Warburg, concept préludant au classement hétérogène des quelques 60'000 livres de ce qui est maintenant devenu la Warburg Institute de Londres.
Ces images portent leur sens tout en étant frappés d’amnésie face à la fonction langagière et sémiotique des tracés qu’elles détiennent. Ces tracés sont les formes du Savoir.
Démantelées parce que remises en question en tant que finalités de la connaissance. Seule leur esthétique semble survivre à leur but.